... contineri minimo... 15'
Pour quator à cordes
Le titre de l'oeuvre (il s'agit de mon cinquième quatuor à cordes) fait allusion à la citation, reprise d'un épitaphe d'Ignace de Loyola, mise par Hölderlin en épigraphe à son roman Hyperion . La citation complète est : "Non coerciri maximo , contineri minimo, divinum est ." Elle peut résumer l'esprit d'une certaine forme, bien connue par le musicien, qui est à la fois expansive, ouverte sur l'infini, et, en même temps, contenue dans la plus petite figure du discours qu'elle engendre. La musique du quatuor s'inspire de ce paradoxe, comme elle s'inspire de la recherche d'une "musique du sens" poétique dans laquelle, comme pour Hölderlin, "Pureté est aussi Beauté ". Il n'y a ici que des durées pures, non divisées et non composées, des harmonies simplement exposées, juxtaposée, qui ne se transforment jamais l'une dans l'autre.
La forme du quatuor est ainsi conçue comme une sorte de spirale liquide ou comme une onde; c'est une onde (au sens physique et mathématique du terme) qui décrit aussi bien l'enchaînement des harmonies que l'évolution des durées ou, plus précisément, de la densité des attaques. L'aspect "liquide" de la musique fait référence au "fleuve" mythique de Héraclite dans les eaux duquel on ne peut pas se baigner deux fois. Des figures musicales, qui sont pour moi comme des troncs d'arbres, flottent à la surface de cette structure ondoyante omniprésente. Ce fond musical est parcouru par des vagues, ascendantes et descendantes, la figuration flottante parfois se détache, parfois se dissout complètement dans le paysage. Le quatuor est rarement traité comme la réunion de quatre instruments mais plutôt comme un seul instrument à seize cordes. L'architecture, au niveau perceptif, se confond totalement avec la structure, au niveau conceptuel.