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Alcyon 14'33
Pour violon et bande magnétique
La musique d'Alcyon (1998) emprunte la forme de la lettre V (ascension, précédée d'une descente). Il s'agit, bien évidemment, d'un modèle imaginaire, véritable métaphore du vol, celui de l'oiseau mythique qui donne le titre de l'œuvre.
La pante descendante est ornementale et virtuose; le versant ascendant est, en revanche, réduit à son expression la plus pure, esquissée, presque suggérée, comme est suggérée l'indifférence par apport aux limites de l'instrument.
L'énergie de cette ascension méthodique devrait, en principe, forcer l'ouverture de l'espace de la salle de concert : vers le plein air, vers la forêt. Le saut dans le concret, à la fin, mène la projection virtuelle à son terme. Le milieu sonore dessiné par la bande est la projection stricte, quelque peu décalée, du discours de l'instrument principal. Il peut être aussi une simple vision du protagoniste. Les instruments à vent (sortes de flûtes kena roumaines) deviennent peu à peu des cloches, multipliant la trajectoire du vol et l'accompagnant dans l'évasion finale.
En terrain légendaire, Alcyon, fils du vent et du soleil du matin, qui vole entre le ciel et la mer, est l'image de la sérénité fragile, passagère, dont il faut se réjouir à la hâte et comme en cachette. Dans cette musique toutefois, c'est la chute qui est passagère, placée entre un flottement tortueux et capricieux (très sollicitant du point de vue instrumental) et une lente, prémonitoire, ascension.
L'Alcyon de la légende est le frère du Vautour qui se tenait près de Saint Jean, mais aussi de Quetzalcoatl, dans lequel s'unissent l'oiseau et le reptile, le ciel et la terre.
La partie de violon est entièrement écrite avec le programme Open Music, de l'IRCAM. Pour la bande, des sons échantillonnés ont été organisés à l'aide du même programme, comme d'AudioSculpt (toujours de l'IRCAM) et mixés avec Digital Performer de MOTU.